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KRAFTWERK 3D : UN SHOW RETRO FUTURISTE

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Uniques en leur genre, les allemands de Kraftwerk sont à la musique électronique, ce que les Beatles sont à la pop, de véritables pionniers avant gardistes, créateurs d’un style nouveau et expérimental !

Originaires de Dusseldorf, ils sont à l’apogée de leur art dans les années 70 et deviendront par la suite une source d’inspiration pour un certain nombre de groupes new wave des années 1980. Bon nombre de leurs titres seront samplés dans le hip-hop des années 1980, la house et la techno du début des années 1990.

Comme beaucoup d’artistes avant-gardistes, leur univers et leur démarche sont totalement pensés et conceptuels. Cela ne s’arrête pas aux boucles électroniques qui sont le véhicule d’un imaginaire, d’obsessions qui se traduisent aussi par une approche visuelle extrêmement travaillée et finalement indissociable de la musique. L’univers de Kraftwerk est en quelque sorte modelé par la transformation urbaine de l’Allemagne dans les années 60/70 et la modernité que représentaient alors les grands travaux d’aménagements du territoire et l’explosion technologique de l’industrie dans la Rhur.

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Kraftwerk : les origines d’un look bien soigné

Quatre hommes en chemises rouges, pantalons gris et cravates noires, figés à égale distance et sans la moindre expression derrière des synthétiseurs. Telle est l’image générique de Kraftwerk, celle de l’album The Man-Machine (1978) où le quatuor posait tels des robots, dans le vent glacial de Düsseldorf. Ils poussent la déshumanisation de leur image,  jusqu’à envoyer leurs avatars mécaniques et électrifiés jouer sur scène à leur place.

Kraftwerk se livrent corps et âme aux machines, les écoutent, travaillent avec elles. Ils le font en s’imposant un look de cadres de quartier d’affaires, cheveux courts et sobres costumes ajustés, alors que l’époque est aux tignasses libres et aux pantalons pattes d’éléphants. Tout d’un coup, les stars du moment comme Elton John, semblaient venir d’une décennie très lointaine.

Avec Autobahn, Ralf Hütter, Florian Schneider, Wolfgang Flür et Karl Bartos, qui ont alors entre 22 et 28 ans, disparaissent derrière la rythmique sans fin qui emporte leur musique sur «l’autoroute» futuriste dont ils rêvent. Ils n’ont pas de chanteur star, pas de guitariste pour faire le malin avec un solo échevelé. Ils ne sont déjà presque plus que les opérateurs d’une musique qu’ils veulent confier entièrement aux ordinateurs.

Malgré l’incompréhension qui a entouré le groupe allemand à ses débuts, Autobahn s’est installé dans le paysage sonore de son époque, devenant le premier chapitre d’une trilogie – avec Radio-Activity (1975) et Trans-Europe Express (1977) – d’albums éminemment marquants pour la musique des quatre décennies à suivre.

Krafwerk 3D : un show rétro-futuriste

Après une tournée mondiale entre 2000 et 2009, le groupe Kraftwerk revient sur scène en 2014  jusqu’à aujourd’hui, avec un show novateur et captivant qui reprend l’ensemble de ses huit albums: De « Autobahn » (1974) à « Tour de France » (2003).

Les synthétiseurs ont été remplacés par des pupitres électroniques, derrière lesquels, le quatuor conserve son attitude robotique, vêtu d’étranges combinaisons. Une scénographie en 3D oblige les spectateurs à porter des lunettes, leur donnant à chacun le sentiment d’être manipulé par ces créateurs du futur.

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Dès les premiers morceaux, le public semble captivé, la magie opère. Les vidéos projetées sur grand écran sont à la fois très kitchs par leur graphisme, dignes des premiers ordinateurs Amstrad CPC ou Atari (8 bits) et à la fois futuristes grâce à la 3D. Elles semblent parfois se détacher  de l’écran pour venir  frôler les spectateurs.

Les images d’une technologie futuriste se mêlent à des objets technologiques du passé. Téléphone à touches pour le titre “The Telephone call”, immersion dans une Coccinelle Volkswagen doublée par une Mercedes noire pour illustrer le célébrissime “Autobahn”(1974), hymne aux autoroutes germaniques devenu un succès.

Au début du concert, ce sont des chiffres (de 1 à 8, comme les huit albums conçus par les papys teutons de l’électro) et des illustrations d’ordinateurs néo-vintages qui flottent dans l’air pour illustrer les morceaux « Computer World » et « Numbers ». Pour « The man Machine », ce sont des lettres ou l’animation de gigantesques personnages.

Retravaillée pour le spectacle, la musique (malgré son quasi demi-siècle) ne prend pas une ride. Peut-être est-ce dû au fait qu’elle était en avance sur son temps?

Les illustrations vintages, épurées, présentes sur les premiers morceaux, laissent place à un graphisme plus design et stylisé sur des morceaux comme « Radio Activity« , « Trans Europe Express », ou  même sur  « Das model ».

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Le point culminant du show arrive  avec  « We are the robots », qui voit les papys teutons se faire remplacer par des robots dans une chorégraphie post moderne très réussie. Le concert se poursuivra pendant 2h, en enchainant des titres comme « Boing boom Tchak » ou « Music non-stop ».

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Sur le dernier morceau, le quatuor quitte la scène, un par un, jusqu’à  l’extinction totale de l’écran, laissant le public sur un sentiment d’extase, suite à cette expérience sensorielle magistrale.

Ce show est tellement novateur, à mi chemin entre un concert et une exposition, qu’il permettra aux allemands, de donner de nombreuses représentations dans des musées tels que le MoMA de New-York.

Mais plus qu’une « muséification », c’est un véritable retour aux sources pour Kraftwerk. Il faut rappeler qu’à ses débuts, le groupe jouait plutôt dans les happenings des années 60 que dans des salles de concert, en évoquant déjà l’aspect esthétique de ses créations.

crédit photos: M.B.

Vincent