Art Melody : « Zoodo » , un album qui percute !

Imprégné de la tradition du peuple Mossi, pour qui l’attachement à la terre est fondamental, Art Melody n’est pas un artiste comme les autres. Agriculteur le jour, rappeur la nuit, ce père de 2 enfants au parcours atypique, signe son grand retour sur la scène hip-hop, avec  l’album Zoodo (signifiant : « amitié , une main tendue vers l’autre »), un sixième opus sur l’excellent label : Tentacule records.

Influencé par le rap de la côte Est Américaine (Mobb Deep, Wu Tang Clan…) d’un côté, et l’afro soul des années 70 de l’autre, Art Melody s’inspire également des incantations griotiques de sa mère pour exprimer son art. Le burkinabé est déjà l’auteur de 5 disques, dont Woodgog Blues (sorti en 2013), salué par la presse internationale et considéré désormais comme un classique du Hip-Hop africain. Cet album fut suivi par Moogho, un peu different dans sa conception, avec des instrus plus hardcores que sur les précédents opus.

Zoodo, est un peu le disque de la maturité, il reprend les codes de « Wodgog Blues » tout en y ajoutant ce qui a été appris en cours de route.

Zoodo, un 12 titres synonyme de retrouvailles :

Zoodo, c’est d’une certaine manière l’album des retrouvailles. En effet, après avoir réalisé la pochette de Woodog Blues, le talentueux dessinateur Bruno Thielleux, plus connu sous le pseudo de Brüno (Le Petit Livre de la Black Music, Tyler Cross…) est de retour en signant l’illustration du nouvel LP de Art Melody.

C’est également des retrouvailles avec un autre Bruno, Redrum (beatmaker  entre autres de Joey Le Soldat et Charles X), avec qui le burkinabé avait collaboré lors de ses précédents albums. Art Melody ne tarit pas d’éloges à son sujet : « Je ne me suis jamais fatigué de travailler avec lui. Ses instruments sont pour moi la quintessence du hip hop. Notre collaboration ne cessera jamais. La musique qui compose raconte déjà une histoire comme la bande originale d’un film. Ils sont très propres comme le son de New York que j’aime beaucoup, comme Mobb Deep, Rza, Nas, Busta Rhymes. Ce minimalisme me pousse à faire de mon mieux et à toujours inventer de nouveaux rythmes avec ma voix. J’aime. Aujourd’hui, certains rappeurs ont oublié ce travail. Ne jamais oublier le flux sinon vous devez mettre de côté le microphone. »

Sur le premier clip dévoilé, Hip Hop Tasobe Soodse, c’est aussi le retour de la  guinéenne Anny Kassy, avec qui Art Melody avait déjà chanté sur le morceau Soul Please, il y a quelques années. Ce titre aux arrangements afro-futuristes, est une véritable déclaration d’amour au rap « golden age ». Il est tourné dans l’obscurité d’un souterrain paré de graffitis et y intègre des figures traditionnelles africaines à l’allure fantasmagorique.

Un album aux influences multiples avec diverses collaborations :

Outre le duo avec Anny Kassy, Art Melody s’est entouré de plusieurs artistes de différents pays, pour la réalisation de cet opus, tels que Bobo Dioulasso et Daitman Paweto (l’un est rappeur et l’autre chanteur de reggae), des français Ami Rouge et Mama J, ou bien même du chanteur écossais Will DEE, avec lequel il enregistre le titre Ti Sângre Sae.

L’album est de manière générale très riche en matière d’influences musicales. Le burkinabé pose son flow rocailleux, lourd et puissant sur des titres variés comme Burkinda, préambule de ce nouveau disque, dont l’instru est à la fois obscure et grandiose.

D’autres morceaux sont moins sombres comme le témoigne le titre Sugra, où les cuivres lui donnent un côté funky chaleureux.

Enfin, il reste aussi les messages que délivre Art Melody. Dans le clip Generation Mouta Mouta, il rappelle que « chacun a sa place » dans un pays qui l’attend. La sienne est aussi importante derrière un micro qu’à travailler la terre comme le veut la tradition du peuple Mossi.

Art Melody, c’est aussi un artiste à découvrir en live, pour l’énergie qu’il dégage lors de ses prestations scéniques. Vous pourrez le voir le 4 décembre au Rocher de Palmer (près de Bordeaux), dans le cadre des Aoc de l’Egalité, le 5 décembre aux Trans Musicales de Rennes et le 7 décembre à l’Espace Django (Strasbourg).

Vincent 

crédit photo : L’Oeil de Ken