Lauryn hill : Le retour de la Diva du rap

Pour le 20ème anniversaire de son album solo mythique (qui lui a valu cinq Grammy Awards) : « The Miseducation Of Lauryn Hill », la diva du rap faisait son retour au Tempodrom de Berlin, le 29 août dernier, pour le pénultième concert de sa tournée Européenne.

Agée alors de 19 ans, Lauryn Hill, ancienne chanteuse de gospel, démarre sa carrière musicale dans les années 90, avec son groupe Les Fugees et leur premier album « Blunted or Reality » (1993) . 3 ans plus tard, elle se révèle au  yeux du monde entier avec l’album « The Score » ; en reprenant la célèbre chanson « Killing me Softly » ou en interprétant « Ready or not« .

Souvent critiquée ces dernières années : fraude fiscale majeure, concerts annulés, retards répétés et exagérés, huée lors de son dernier passage à Berlin en 2012, versions méconnaissables de ses chansons en spectacle, propos douteux … tout ça sans avoir fait paraître de nouvel album en plus de 20 ans, les fans de Lauryn Hill, pourtant très nombreux ce jour là (le Tempodrom était sold out, soit 3 700 personnes), ne savaient pas trop à quoi s’attendre.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que malgré 1h de retard, la Soul-Queen a livré un show de haute volée !

Après une première partie énergique, assurée par Dj Reborn, le public était chaud pour l’arrivée sur scène de Lauryn Hill.

Toute de blanc vêtue, semblable à un oiseau,  la diva fait son entrée sur scène, haranguant la foule au passage ! Les premières notes de « Lost One » résonnent, débute alors un show digne des plus grands artistes soul / Hip-hop. Lauryn Hill, accompagnée de ses musiciens, nous montre l’étendue de son talent, sa voix a gagné en caractère. Son chant est parfait, alors même qu’elle gesticule constamment, de façon assez imprévisible, et difficile à dire si elle donne des indications à ses musiciens ou ses choristes telle une maestro, ou si elle reproche aux techniciens de son le volume dans ses moniteurs.

ANCIENNES CHANSONS, NOUVELLES VERSIONS

En 1998, Lauryn Hill réalise son premier et unique disque « The Miseducation Of Lauryn Hill« , dans lequel D’Angelo, Carlos Santana, Mary J. Blige et John Legend  apportent leur contribution. Au fil des années et des différents lives réalisés, l’ex membre des Fugees laisse murir ses chansons, change l’instrumentalisation. Les nouvelles versions ont peu à voir avec les originales. L’ancienne reine du hip hop est devenue une diva de l’âme. Accompagnée par un clavier, un guitariste, 3 choristes, un bassiste, un batteur et un trompettiste, Lauryn Hill et son groupe se prêtent à des improvisations sur quasiment toutes les chansons. De « Everything Is Everything » à « Doo Wop« , à la reprise de « Can’t Take My Eyes off You »  de Frankie Valli & the 4 Seasons, ou même la très célèbre « To Zion »… chaque track a pris un coup de neuf, avec de nouveaux arrangements musicaux.

UN MESSAGE POLITIQUE ?

Durant une bonne partie du concert, le show est accompagné par la diffusion de vidéos montrant un bon nombre d’artistes noirs tels que Bob Marley ou Ray Charles, ainsi que beaucoup de jeunes afro-américains, joyeux, se déhanchants sur de la musique. Mais ce qui semble être une déclaration politique subtile devient plus concret : pendant le titre « Forgive Them Father », des clips montrent la violence policière contre les Noirs. Les images sont parfois à la limite du soutenable.

Cependant, les discours sur scène de Lauryn Hill restent, quant à eux, apolitiques. Durant les pauses entre certaines chansons, elle parle de son enfance, de ses modèles musicaux. Elle explique les raisons pour lesquelles elle a fait un break après le succès de son disque solo. L’industrie de la musique l’a traitée comme un objet, dit-elle. Mais en tant qu’artiste, elle ne pouvait que donner de l’amour et porter sa musique, même si elle recevait suffisamment de nourriture émotionnelle : « Faire de l’art est une bénédiction – mais pas au détriment de ma santé mentale et de mon intégrité. » Elle ne manque pas de  souligner qu’elle fait partie des rares artistes à ne pas faire de marchandising à la fin de ces concerts.

Lorsque Lauryn Hill joue enfin les deux morceaux de son ancien groupe Fugees : « Ready Or Not » et « Killing Me Softly« , le public est définitivement conquis et n’a pas boudé son plaisir.

Après 1H30 de live, une fois les lumières de la salle rallumées, la chanteuse n’hésite pas à revenir sur scène pour saluer et embrasser les derniers fans restés au premier rang.

En conclusion, sur cette date, le retour de la diva fut un réel triomphe, amplement mérité, tant par la prestation scénique proposée, que par la performance vocale de Ms Lauryn Hill.

Crédits Photos: ©M.B.

Vincent