Patrice Caumon – album : « Wow »
Salut à toutes et tous !
Voici une interockview avec Patrice Caumon dans laquelle nous parlons de son dernier album solo « Wow » sorti en décembre 2018.
Un 8 titres au grand écart habillé d’une pochette d’une classe improbable. Je vous laisse découvrir tout ça par la suite.
Je vais en tout premier lieu vous donner mes impressions à chaud adressées à Patrice. Ensuite, nous discuterons avec lui.
« Ce que j’ai entendu (sur les 3 premiers titres) m’entraine sur des univers proches de Gainsbourg, Arthur H (pour nommer ce qui m’est venu immédiatement). Sur le quatrième, Big up, il y a une sorte de distorsion psychédélique que je trouve… Intéressante.
Je me repasse la comptine. Je ne sais pas encore pourquoi…. Ah si ! Tu m’emmènes vers du Tim Burton. Ce truc romantico-dramatique qui est tristement et joliment touchant.
Faut pas pleurer, une musique légère et sensible portant un truc profond, lourd de sens…
La Mort et le Rock’n’Roll. Où est la part d’intimité vraie que tu déguises à nos oreilles ? Tu utilises le « tu », le « je » où es-tu dans ces pôles magnétiques ?
Les moments que je passe avec toi … Y a ce truc un peu planant (un peu hippie), électro et un peu aseptisé, ou plutôt « clinique » … Le morceau à un moment est devenu un peu dérangeant… »
On en parle ?
« Combien de temps as-tu mis depuis ta dernière production pour à nouveau te jeter à l’eau ?
Euh, cinq ans. Le temps de digérer mon bout de chemin en solo, sûrement !
Qu’est-ce qui a motivé ce projet ?
J’avais envie de changer, d’explorer. Si je m’écoutais, je jouerais toujours le même spectacle, en le transformant un peu au fur et à mesure, en remplaçant la moins bonne chanson par une meilleure, comme faisaient les Frères Jacques. Mais ça fait tellement de bien, c’est comme un déménagement : nouveau disque, nouvelles chansons, nouveau spectacle !
Il y a un fil rouge pour moi dans tes morceaux. Pour autant on est, si j’ose dire, tout le temps en grand écart. Et alors monsieur ? Comment expliquez-vous ça je vous en supplie ?
Aaaah, ça, c’est toujours la grande question ! J’adore des univers hyper cohérents, les artistes que tu reconnais à la première note, Fugazi, Jesus Lizard, ACDC, Tom Waits.
D’un autre côté, je suis imprégné comme c’est pas permis de l’album blanc des Beatles, qui te propose des blues, des rocks, passe par des bluettes, des chansons de comédie musicales, invente au passage le métal et va jusqu’au bruitisme. Et les albums que j’ai faits tout seul, ça ressemblait plutôt à ça, niveau cohérence…
Là, comme avec Un autre imbécile, le précédent disque, je laisse le choix des titres à un réalisateur, je propose plein de trucs, il est supposé être garant de la tenue de l’ensemble. Si lui, il estime que ça reste cohérent, je le suis. C’est même pour ça que je l’ai embauché, à vrai dire.
Je trouve quand même que dans ce disque, les titres vont 2 par 2. Il me ressemble, il ressemble à ma façon d’écouter et d’aimer la musique.
On navigue dans des ombres lumineuses, des eaux sombres et tellement brillantes…. T’es chiant mec va falloir m’aider ! 😉 C’est super intimiste et à la fois on peut être tous concernés par ce que tu exprimes.
Ecoute, c’est exactement ça. Pour moi, chanter, écrire, c’est un outil puissant pour explorer le fond du cerveau et la psyché humaine. Les chansons et leurs univers, c’est comme des états mentaux, c’est hyper intime. Un cd, c’est comme un livre, ça parle d’âme à âme.
J’ai voulu bosser avec Laurent (qui chante sous le nom du Larron) parce qu’il était capable de comprendre l’oxymore d’un titre : une chanson suicidaire rigolote (Journée ratée), ou comme tu dis, des “ombres lumineuses”, c’est complètement ça. Il y a ça dans La Mort et le Rock’n’Roll et celle qui suit, Les moments que je passe avec toi. Ce que j’aime bien, aussi, c’est que le disque avance, s’approfondit au fur et à mesure, il devient de plus en plus intéressant.
Je voulais un son chaleureux. Pendant longtemps, j’ai pensé l’appeler Chalet, pour donner cette impression de boiserie, qu’il fait froid dehors et si bon au coin du feu, avec le chat sur les genoux. Finalement, je l’ai appelé Wow, me demande pas pourquoi.
La pochette ?
J’ai suivi mon intuition, comme pour le titre. J’ai vu une photo de Julien Clerc se baladant sur un chemin, l’hiver, avec une poule à ses pieds. J’adore les poules. Donc, je voulais une poule et les animaux qui me sont le plus familiers. J’ai demandé à mes voisins de me prêter, si je puis dire, la poule et le chien, j’ai fait poser ma petite chatte Greta. Sur l’affiche, j’ai rajouté du foin. C’est la grande classe, mais paysanne.
Et c’est une façon pour moi de présenter ma fascination totale et complète pour la nature, sans mettre une photo de paysage. Marjorie Besch, la graphiste, l’a bien compris, elle m’a suivi, et elle a bien géré les noirs, qui sont somptueux.
Un jour, une chanteuse parisienne m’a dit qu’elle comprenait que je ne me plaisais pas à Paris, parce que selon elle, je sentais le hippie et le fromage de chèvre à cent mètres, bref, que je n’étais pas dans la hype. C’est une façon d’informer, aussi, cette pochette. Les brebis d’une autre voisine étaient en train de vêler quand on a shooté, et le garage où j’ai mon studio photo était trop petit, même pour accueillir un poney, sinon, franchement, on serait un sacré paquet dans cette pochette !
Et pour te suivre en concert ça se passe comment ?
Directement sur mon site à la page concerts.
http://www.patricecaumon.com/p/concerts.html
Que peut-on te souhaiter de mieux maintenant ?
La sérénité, la joie d’être vivant, je ne vois pas mieux. »
Riches de ces propos, vous allez pouvoir écouter ou réécouter « Wow » avec une oreille neuve ou encore avertie !
En tout cas je vous souhaite une très bonne écoute et pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore, bienvenus dans l’univers de Patrice Caumon.