Aphex Twin : Selected Ambient Works 85-92
Déménagement oblige, on touche aux vieux CD, ceux qui prennent la poussière dans l’étagère en cette époque de dématérialisation. Et là, la pépite, la madeleine pour d’autres : Selected Ambient Works 85 – 92. Considéré par beaucoup comme un génie, de l’éthylique anonyme de soirée à la critique la plus pointue, Aphex Twin a la capacité de mettre d’accord quiconque aime l’électro. Personnellement, avant le titre Windowlicker (1998) (et son débat sur j’aime faire des craquettes au chien), ce génie ne s’était jamais frotté à mes oreilles avant les années 2000. C’est donc par la suite que je suis tombé sur cet album phare.
Sorti en 1992 et composé de 13 titres, dont certains datent d’avant ses 15 ans, l’album est salué par la critique. Il précède la mouvance de ses autres albums de part la patte que l’artiste impose en dehors de toute influence dictée par la scène musicale de l’époque (dance music, Grunge…). Cherchant donc à s’extraire des courants principaux il impose selon les morceaux à rythmiques différentes une atmosphère pleine de volume, de nouvelles sonorités qui feront la marque de ses titres suivants. Destructeur de forme, combinant à merveille les rythmes et les mélodies, il en ressort une alchimie envoutante pour les oreilles et l’esprit.
Des morceaux comme Xtal ou L à l’architecture musicale simple, à la rythmique douce voire satinée et entêtante générant une sorte de transe qu’on écoute, qu’on laisse, qu’on reprend tel le fond sonore d’une conversation d’été. On touche à l’essence même de l’Ambient qui selon Brian Eno « doit être capable d’accommoder tous les niveaux d’intérêt sans forcer l’auditeur à écouter ». D’autres morceaux à la rythmique plus rapide comme Tha, ou à l’ambiance plus industrielle (Green Calx) viennent réveiller l’oreille et l’esprit emportés par cette transe, confirmant un peu la théorie de Gilles Rouget qui veut que la musique ne crée pas la transe mais la manipule. Enfin tel un écho du passé Roland ressort cette année une version de sa TR909 qui sert sur Heliosphan (ou sur Revolution 909 des Daft Punk).
26 ans plus tard cet album a bien vieilli et s’apprécie toujours autant. Fact (webmagazine) en fait encore en 2012 l’un des meilleurs albums de la décennie des 90’s tout genre confondu. Alors pour ces beaux jours qui reviennent, on range sa bibliothèque, ou, on excave ses archives numériques, on lance Selected Ambient Works 85-92, et on apprécie le début de soirée entre amis.