Chronique du monde : Un jour j’irai à New York…(Episode 1)
New-York jazz première partie
Un jour, j’ai soudainement pris conscience qu’une grande partie des musiciens que j’affectionnais s’étaient produits dans les bars concerts ou étaient originaires de New-York .
Et j’ai décidé d’aller voir ça de mes propres oreilles. J’ai d’abord laborieusement rassemblé de la thune, cherché une piole et réservé des billets à la mesure de ma fortune. Quelques mois plus tard, je me retrouvais face à un vieil immeuble de quatre étages en briques rouges, dans une « dead end » du quartier créole/ jamaïcain de Brooklyn. Un immense paysage en accordéon s’était déroulé par la vitre le long de la route – c’était New York. Frappé par l’immensité de la ville, le nombres importants de bars concerts, je restais là, à me demander ce que je faisais ici.
En quelques jours c’est devenu une évidence.
HAWAI MENE AU SILENT BARN
Dès mon arrivée, j’ai pas mal traîné dans les clubs de Jazz (on parlera de ça au prochain épisode). Parce que j’aime ça mais aussi parce qu’ils sont très réputés et donc faciles à trouver. Pour ce qui est de la musique indé, rock ou expé, c’était une galère de trouver des bars concerts intéressants. J’ai finalement mis la main sur une liste de «venues» («local» en français) vraiment cool, grâce à Haley, une fille que j’ai rencontrée lors d’une soirée hawaïenne au bar concert le « Featherweight », et avec qui j’ai pas mal discuté musique.
J’ai commencé ma tournée par le « Silent Barn » dès le lendemain, et j’ai pas été déçu! Situé dans bushwick, à brooklyn, l’entrée donne sur une cour intérieure où une petite baraque en bois fait office de billetterie. Parmi les objets dispersés dans le jardin on peut trouver un ventilateur géant de trois mètres de diamètre, une mezzanine et son échelle « faites maison » contre un des murs, une caravane mystique, des graphs et une espèce de grosse tête à casquette en métal peinte de 1,20 m qui, étant à moitié découpée sur le plan sagittal, nous donne à voir son cerveau.
Au fond de la cour, une des entrées donne sur une salle assez sombre, où tout le nécessaire de coiffure – miroirs, peignes, ciseaux, sièges réglables, sèches cheveux,…- est à libre disposition pour couper ou se faire couper les tifs par un pote ou le premier venu. Dans cette même pièce deux platines vinyles et, sur une mezzanine surplombant la moitié de la surface, toute une collection de disques classés dans des bacs en plastiques bleus. On traverse ensuite un couloir au bout duquel, sur la gauche, se trouve toute une partie habitation à laquelle on a pas accès. Sur la droite on passe devant une petite salle d’exposition, blanche du sol au plafond, puis on accède à la pièce principale, avec le bar concert côté gauche et la scène tout au fond. Dans l’ensemble c’est un joyeux bordel organisé. Il y a des bornes d’arcades maison (gratuites), de vieilles télés un peu partout, une grande fresque sur tout un pan du bar, bref c’est beau! Niveau ambiance, c’est assez proche du squat d’artiste un tantinet hipster, bonnets new-yorkais et paire de lunettes compris.
Il y avait quatre groupes ce soir là au bar concert et tous méritent d’être écoutés.
SILENT BARN : Macula Dog, Trabajo, Helgado Negro…
La soirée commence avec Macula Dog. Deux types côte à côte avec des masques étranges, des t-shirts roses et des pantalons argentés. L’un tape sur son kit batterie électronique, l’autre à tout un tas de synthés et de samplers devant lui. Ils ont chacun leur double en mannequin sur leurs épaules. Très synthé fin 80’s, leurs musique rappelle Devo, sous acide, qui se balladerait dans une fête foraine. Joyeux et flippant en même temps.
Trabajo. Une petite asiat en jogging rose et un mec grand, maigre et pale qui porte une chemise argentée et une coupe rétro-futuriste. Ils produisent une sorte de jungle lo-fi, avec des basses profondes et des samples en même temps tribaux et très abstraits. Ils sont très agités et sautillent tout le long de leur set.
Helgado Negro, accompagné d’une batteuse et d’un contrebassiste. Soutenu par leurs rythmes lancinants, Helgado chante en douceur et en vibrato, à la manière de Tyranosaurus rex. C’est une version acoustique très épurée de sa musique, qui est habituellement très produite.
Et enfin, Jerry Paper, vêtu d’une sorte de robe de chambre japonaise en soie bleue/violette à motifs floraux, affublé d’un micro casque, qui nous fait de magnifiques chorégraphies de geek sur sa pop synthifiée et bancale, voire bordélique. J’ai récemment écouté son dernier album, qui est bien plus produit et léché que ce que j’avais pu entendre ce soir là. Il se rapproche de Beck et de Mac Demarco.
A suivre…
M.Tcherbakoff
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