Daft Punk : le plus grand groupe électro français
Les premiers pas dans le monde de la musique
L’histoire des Daft Punk débute par la rencontre de Thomas Bangalter et de Guy Manuel de Homem Christo, au lycée Carnot, dans le 17ème arrondissement de Paris.
Ayant les mêmes centres d’intérêts et étant tous les deux passionnés par la musique, notamment par les mêmes styles musicaux, ils décident à 17 et 18 ans, en compagnie de Laurent Brancowitz, futur guitariste du groupe Phoenix, de créer leur groupe de rock : Darlin’.
Toutefois, nos deux jeunes ne partent pas de zéro dans leur parcours.
En effet, le père de Thomas Bangalter est lui même auteur, compositeur, chanteur, parolier. Il a travailler avec Ringo et Sheila, puis avec, entre autre, La Compagnie Créole, Ottawan, …
Nos deux jeunes partent donc avec une vision plus aiguisée de l’industrie musicale.
Ils vont enregistrer leur premier album et vont le faire écouter à un des disquaires chez qui ils ont l’habitude de trainer, afin d’obtenir des conseils et voir s’il pourrait les aiguiller.
C’est comme ça que leur disquaire est devenu le manager de Darlin’ et qu’ils sortent leur premier EP 2 titres « Cindy So Loud« .
Comme tout les groupes de musiques de leur âge, il ont du mal à se faire connaitre en France. Ils ont également une petite résonance en Angleterre, cependant dans une critique sur les sorties du magazine Melody Makers, le groupe est qualifié de manière peu élogieuse de « daft punky » (punk débile).
Le groupe Darlin’ s’arrêta.
C’est à ce moment là que Laurent Brancowitz quitta ses 2 amis.
Débute pour Thomas et Guy Manuel une période de remise en question.
Ils se disent que un nouveau groupe de rock comme le précédent ne marchera pas et ils se laissent guider par le nouveau courant qui est diffusé en boites de nuit, celui de la musique électro, de la house.
Ils composent leurs premières maquettes dans ce courant et font partie de la scène électro française, de la « french touch ».
Lors d’une rave qu’ils animent, ils font la rencontre de gars qui gèrent un label écossais. Ils leur présentèrent leur maquette. Ces derniers, séduits, publièrent les premières tracks sur leur label. Toutefois, avant de conclure cet accord Thomas et Guy Manuel exigèrent d’avoir une autonomie totale de création, sans restriction.
A leur grande surprise, le label accepta dans ces conditions et leur demanda le nom du groupe.
Il leur fallu un nom de groupe rapidement. C’est ainsi qu’ils firent référence à l’article anglais les qualifiant de « daft punky ».
C’est ainsi que sont nés les DAFT PUNK.
En 1994, ils sortent leur premier projet qui a un très bon impact grâce à leur inspiration et leur rigueur appréciée.
Il se produisent de plus en plus, ce qui va attirer l’attention sur leur travail et dès l’année suivante, il reçoivent des invitations de tous les côtés
Ils sont notamment invités par Nicky Holloway. Ce dernier comptait organiser une rave à proximité du parc Eurodisney, à Paris, en invitant des artistes et DJ, dont Laurent Garnier, par exemple.
Ils vont jouer un de leur premiers sets et vont attirer l’attention de deux producteurs écossais à la tête de Soma Records.
C’est ainsi qu’ils vont connaître leurs premiers succès commerciaux avec notamment le titre « Da Funk« . Le groupe va ainsi prendre une autre dimension.
Dans la suite de ce succès, ils vont composer leur premier album en home office.
C’est pourquoi, le nom de cet album a été « Homework« .
Cet album sera distribué dans des dizaines de pays et plus de 2 millions d’exemplaires seront écoulés.
Ce succès immédiat les a pris un peu de vitesse, toutefois nos deux artistes commencent déjà à se masquer afin de préserver leurs identités et ainsi garder le contrôle
Et c’est là qu’ils vont avoir une idée, afin de se masquer ils vont devenir des robots aux yeux du public.
En 1999, ils partent aux États Unis, à Hollywood chez un créateur de costumes pour le cinéma.
Ils se font créer un casque sur mesure et ils créent une histoire autour de ça.
Ce sont deux passionnés par les nouvelles technologies et ils sont intrigués par le soit disant « bug de l’an 2000 ». Il vont ainsi dire que c’est ce bug qui les a transformés en robots.
Et ce choix est une idée de génie pour plusieurs raisons :
- Cela cultive une image intemporelle dans le sens où les robots ne vieillissent pas
- C’est un moyen de se préserver de la culture people et de ses déchainements
- Ils garde le contrôle de leur image à 100%
- Cela apporte de la cohérence aux voix robotisées dans leurs morceaux
En 2001, ils sortent l’album « Discovery« .
Cet album va être très orienté pop, voir même disco.
Ca va être un énorme succès commercial avec 3 millions d’albums vendus à travers le monde et des morceaux devenus cultes avec, entre autres, « One More Time« , « Harder, Better, Faster, Stronger« , « Aerodynamic« , « Digital Love« , ….
La création d’un animé Daft Punk
Parallèlement à leur carrière d’artistes déjà reconnus dans le monde musical, Thomas et Guy-Manuel se lance secrètement dans l’écriture d’un animé, bercé par les musique de leur album iconique « Discovery« .
Passionné par l’univers manga, ils ont grandi avec le dessin animé « Albator« .
Forts de leur succès international, ils se lancent le défi de partir à la rencontre de Leiji Matsumoto, le graphiste du corsaire de l’espace, avec leur album et leur synopsis terminé.
Ce dernier sera également très satisfait de cette collaboration. Il dira « Le jour où Thomas et Guy-Manuel m’ont proposé d’imaginer un univers visuel à partir de leur musique, j’étais ravi. […] J’ai vu dans leur proposition un clin d’œil du destin ».
C’est ainsi qu’en 2003, sort en cinéma l’animé « Interstella 5555 : The 5tory of the 5ecret 5tar 5ystem ».
C’est l’histoire d’un groupe de musique d’une autre galaxie qui est enlevé par un producteur maléfique qui veut en faire le plus grand groupe sur Terre.
La bande son de ce film est une succession des titres de l’album « Discovery« .
L’histoire de ce film est non moins une critique de l’exploitation des musiciens par les maisons de production.
Dans la suite de leur succès, ils vont recevoir de nombreuses propositions de featuring avec des stars telles que Madonna, Janet Jackson, Georges Michael, et bien d’autres.
Propositions qu’ils n’accepteront pas car ils restent anti système même s’ils ont acquis la notoriété.
La maitrise du sampling
Le sampling est l’utilisation d’extraits musicaux d’autres chansons, artistes afin de les intégrer dans ses créations musicales
Dans ce domaine, les Daft Punk sont des experts, tant par la diversité des morceaux choisis que par la modification et l’adaptation de ceux ci.
En effet, ils utilisent différents types de samples :
Certains d’entre eux sont pris et réutilisés tels quels
D’autres sont accélérés :
D’autres enfin, sont remasterisés et utilisés de manière plus subtile, associés à d’autres sons :
En 2005, ils sortent leur 3ème album « Human After All« .
Cet album est une critique vis-à-vis de la société qui semble, peu à peu, se déshumaniser.
Cet album a été créé en seulement 12 jours, pour faire référence au travail « fait maison ».
Toutefois, ce dernier est une déception au regard des deux premiers albums.
En effet, les deux premiers albums étaient très travaillés, alors que celui-là semble être fait « à la va vite ».
Le titre « Robots Rock » en est la parfaite illustration.
L’intégralité de la chanson, d’une durée de 3 minutes 16 n’est basée que sur un seul sample qui tourne en boucle, et qui est emprunté à un groupe des années 90, Breakwater.
Le public est donc en partie déçu de cet album, comparé aux deux précédents qui ont été des succès fracassants grâce au travail minutieux engagé.
La révolution du live
A la base DJ, Thomas et Guy Manuel sont animés par les expériences live.
Cependant, à l’époque le milieu de l’électro n’est pas un spectacle élaboré comparativement aux concerts de rocks, en plein essor à cette époque.
En effet, mis à part que l’on voit des DJ mixer en live, le spectacle n’est pas grandiose.
Plusieurs années de rang, le festival Coachella va inviter les Daft Punk, toutefois ces derniers vont sans cesse refuser. Ainsi, chaque année le cachet va augmenter.
En 2006, ils vont accepter mais à une condition, celle d’être payé avant le concert pour pouvoir investir dans le show.
Pendant un an, ils vont travailler secrètement sur leur performance. Ils vont notamment faire appel à tous les fournisseurs de LED des États Unis.
Il faut savoir qu’en 2007, les LED n’étaient pas utilisées autant qu’aujourd’hui. A l’époque personne n’avait encore vu d’écran gigantesque de LED.
Ce concert a redéfini les codes des concerts tels que nous les voyons aujourd’hui
Ainsi, ils ont élaboré un spectacle totalement novateur aux festivaliers, avec pleins de lumières synchronisées, des dizaines de visuels différents. Ils ont élaboré un set inédit regroupant les plus grands succès de leurs 3 albums.
Ce show va même être récompensé par 2 Grammy Awards.
Un album pour boucler la boucle
Nos deux acolytes ont désormais atteint tous les objectifs de réussite qu’ils s’étaient fixé.
Ils songent ainsi à la création d’un album en featuring avec les artistes disco-funk qui les ont inspirés durant les années 70, 80, 90 et 2000.
L’album nous raconte l’histoire de la musique des quarante dernières années que les Daft font un peu mourir pour la faire renaitre sous une forme plus moderne.
Ils ont ainsi créé des titres en compilant des extraits musicaux, comme ils ont toujours su faire.
Une fois l’album terminé, ils ont décidé de l’annoncer, à la surprise de leurs fans, dans un lieu symbolique, au festival COACHELLA, lieu mythique qui à lancé leur carrière en live.
Nous avons ainsi pu découvrir les artistes présents dans cet album, dont entre autres :
– Pharrell Williams
– Nile Rodgers, un guitariste de légende de la scène disco-funk et ex membre du groupe CHIC
– Giorgio Moroder, un des premiers à avoir utilisé des synthé dans la pop, compositeur pour Freddy Mercury, David Bowie, Elton John
– Julian Casablancas
– …
Cet album est donc la synthèse de leur épopée, en reprenant des aspects de tout ce qu’ils ont fait depuis le début et qui a contribué à leur réussite.
Pour le mastering de leur album, ils ne vont pas utiliser les techniques de nos jours. Ils vont le masteriser comme à l’époque, avec des bandes, à l’image de leurs idoles.
La qualité de ce travail fastidieux va être reconnu à sa juste valeur.
En effet, ils vont être récompensés par 5 Grammy Awwards pour la musique, pour la technique, pour le live (ils vont notamment faire un live avec Stevee Wonder)
Ainsi, nous pouvons voir qu’ils ont réussi leur carrière de bout en bout
Une carrière maitrisée du début à la fin
En effet, Thomas et Guy-Manuel ont su imposer leurs conditions afin de contrôler leur image, en tout temps.
Ils ont démarrer dans leur chambre à composer et à sampler les artistes qu’ils aimaient, pour finir par chanter avec eux.
Ils avaient ainsi réalisé toutes leurs envies.
C’est pourquoi, à la surprise générale, en 2021, les Daft Punk ont annoncé leur dissolution.
A l’image de leur carrière exceptionnelle, leur annonce l’a été tout autant.
En effet, elle a été dévoilée avec la parution d’une vidéo, qui n’est autre que le dernier épisode de leur film Electroma.
Cette scène, intitulée « Épilogue« , débute par ce message :
2 : 22 : 21
Ce message date ainsi l’évènement qui va avoir lieu devant nos yeux.
Cette vidéo, sans aucun son, démarre avec les Daft Punk de dos, en train de marcher côte à côte, vêtus de combinaisons noires et de leurs casques iconiques.
L’un des deux reste à la traîne et regarde le sol, l’autre avance d’un pas plus décidé. Le deux se rejoignent, se regardent.
Le casque argenté quitte sa veste, se retourne. L’autre enclenche alors un compte-à-rebours dans le dos, un décompte d’une minute. Au fur et à mesure des bips qui s’égrainent, l’un s’éloigne, serre le poing lors des cinq dernières secondes et finit par exploser.
Ensuite, nous pouvons découvrir une illustration montrant deux mains de robots faisant le signe qui symbolise le groupe, que tous les fans faisaient en concert.
Cette image est accompagnée de cette inscription : « 1993 – 2021 », à l’image des dates de « naissance » et de « mort » du groupe.
Au même moment, nous pouvons entendre une partie de leur titre « Touch« .
La vidéo se termine en nous montrant notre robot survivant, en train de marcher dans ce paysage désertique, sous un coucher de soleil, qui symbolise la fin des Daft Punk.
Après leurs 4 albums, il n’y avait pas de fin plus belle pour le duo français dont l’impact sur l’électronique, la pop, et la musique en général, depuis 28 ans et pour les années à venir, reste absolument infini.