High Square County : POÈME D’UNE VILLE CONFINÉE
En pleine épidémie de Covid-19, au moment où plus de la moitié de l’humanité est confinée, une ville est oubliée de ses habitants, oubliée du temps et des heures, figée dans ses souvenirs. Les antiques devantures deviennent alors des clichés encadrés par le vide. Un attendrissement se fait ressentir devant les grandiloquences désuètes d’une enseigne, d’un lettrage d’un jeu de mots, d’une architecture kitsch. Parfois se confondent une ancienne appellation en voie d’effacement et une famille de tags en voie d’apparition, deux façons d’écrire la ville avec des signes sans usage, sans passé et sans futur. Ces devantures auraient pu aussi être une reconstitution pour un film. Une rue reconstituée en studio, sans vie mais avec énormément de charme. Une ville fantôme où la nostalgie cohabite avec la poésie. C’est cette dernière que le groupe de folk Bordelais High Square County a voulu mettre en image dans son clip « The Poet’s Delay » .
Alors qu’ils viennent de travailler sur leur 3ème album, les membres de High Square County ont décidé de sortir une vidéo filmée pendant cette période de confinement. Le morceau s’intitule « The Poet’s Delay » . Il s’agit d’un poème de Henry David Thoreau mis en musique par High Square County et Palo Santo, enregistré et mixé par Julien Pras.
Au moment où Bordeaux n’a jamais aussi bien porté son surnom de la « Belle Endormie », le quartet folk se sert de ce cadre particulier, presque idyllique, pour tourner des bribes de vidéo des rues désertées de notre chère cité. Du pont de Pierre à Darwin, de l’hippodrome d’Eysines, au bois de Canéjan, tout est réuni pour créer leur « clip » avec les moyens du bord.
C’est ce que nous explique le chanteur guitariste Martin Peix : « Aux tous premiers jours du confinement, je suis sorti prendre l’air et j’ai été d’emblée saisi, fasciné par la ville déserte, livrée à elle-même, libre. Je l’ai trouvée envoûtante, pleine de vie et rayonnante. Comme si la belle endormie, abandonnée par ses habitants, s’était enfin éveillée. Comme si, libérée de toute pudeur, ou du moins de toute obligation, n’ayant plus de comptes à rendre, elle s’était laissé aller, sans fard. J’ai pris mon téléphone et, chose que je ne fais jamais, j’ai commencé à filmer. Au beau milieu de cet émerveillement, de ces rues dépeuplées, théâtre d’une quiétude extraordinaire, et alors que j’enchainais les plans, cette chanson, The Poet’s Delay, que je venais d’enregistrer avec mon groupe de musique High Square County, est venue résonner en moi. »
Puis, il ré-enchérit: « Tout au long des 3 minutes et 42 secondes, nous proposons le portrait d’une ville qui lentement (ou non, le temps n’a plus court) se mue. Comme si, par la force des choses, en notre absence, elle s’autorisait à dévoiler ses vrais atouts, ceux-là même qu’elle est contrainte de dissimuler (sous le béton). Petit à petit, au fil des secondes, la nature sauvage s’installe. Et nous, humains, sommes toujours là mais semblons simplement plus en harmonie, plus respectueux »
High Square County : le parcours d’ un groupe qui monte
High Square County est un groupe de Folk Bordelais. Connus aussi sous le nom de H.S.C., ils proposent des compositions très personnelles, chantées tour à tour en français et en anglais. Les voix s’entrelacent et glissent le long des mélodies du violon, soutenues par les cordes délicates ou tranchantes des guitares acoustiques et de la basse. Elles résonnent dans l’écho d’un harmonica et d’un bottleneck. Lorsque tout ce petit monde se met en branle, le groupe revendique clairement et musicalement son amour pour cette Folk Music anglo-saxonne, nordique ou française, qui depuis des décennies, traverse le temps, sans artifice, sauvage, primitive, intemporelle.
A l’origine, il y a un trio de musiciens issus de formations diverses qui arrivent avec un certain bagage musical. Trois copains qui, quelques années auparavant, composaient notamment le groupe de rock Sulvan : Martin au chant, à la guitare et à l’harmonica, Fred à la guitare et Nad à la basse.
En 2014, le trio décide de laisser amplis et guitares électriques à la maison et se réapprivoise autour de quelques standards de cette folk music qui leur est chère. Un an plus tard, le trio devient quintette lorsque le violon d’Alix (qui écumait déjà la scène bordelaise aux côtés de Martin au début des années 2000 avec leur groupe Kalliste) et la voix de Capucine viennent compléter l’ensemble.
Un mini-album de 5 titres 100% fait-maison sort en 2016
2 ans plus tard, en 2018, un album 8 titres « L’aube » voit le jour, financé à 100% par une campagne Ulule qui a dépassé nos espérances. C’est Milos Asian qui leur a ouvert les portes de son Kitchen Studio pour l’enregistrement et le mix.
Le travail de composition reprend son cours mais ce temps sera également l’occasion pour leur second guitariste Fred de se diriger vers d’autres projets musicaux qui lui tenaient à coeur. C’est une occasion pour le groupe désormais à 4 d’introduire des nouveaux instruments tels le banjo, le métallophone ou bien encore le violon/alto 5 cordes.
Le groupe vient de terminer l’enregistrement de leur 3ème album avec la collaboration de Julien Pras (Calc, Mars Red Sky) avec qui les HSC avaient eu la chance de partager la scène de l’Antirouille à Talence en 2018. Le mixage est toujours en cours, retardé par les obligations de confinement mais une sortie de l’album pour l’été 2020 sera au rendez-vous.
Vincent