Les objets cultes du rock n roll : Harley-Davidson
Aujourd’hui dans les objets cultes du rock n’roll, je vous emmène sur la route 66, je vais vous parler d’un patrimoine, d’un style de vie. Un nom connu dans le monde entier. La Harley-Davidson est LA moto du rock. Par ses formes rondes, par les lignes fluides de ses choppers et la beauté rutilante de ses chromes, par le bruit si particulier de son moteur, mais aussi par ce goût pour l’évasion et les grands espaces qu’elle incarne. Cette moto est une machine musicale, un look, une philosophie… mais surtout un bruit: depuis déjà plus d’un siècle, les imposantes «Harleys», menées par des bikers de tout poil, continuent de pétarader, de faire sourire ou d’énerver les passants.
Du groupe Steppenwolf ou de Highway to Hell des AC/DC en passant par Canned HEAT ou Bardot, on verra comment la Harley a accompagné le rock nroll depuis sa naissance. Une aventure qui débute au début du siècle dernier en 1903 par William Harley et Arthur Davidson. Ce fabricant de motocyclette va devenir le plus grand constructeur au monde de grosse cylindrées. Au cours des 50 premières années de la marque – Harley était révolutionnaire et produisait les motos les plus rapides et les plus résistantes.La marque possède une longue tradition qui s’est surtout attachée à fabriquer un seul type de moto : des motos avec refroidissement par air, des pièces métalliques (et surtout pas en plastique) et des engins lourds sans doute plus bruyants que puissants. Juste après la 2e guerre mondiale, entre le rock-n-roll naissant et la Harley-Davidson auréolée de gloire sous sa version WLA Liberator, ce fut le coup de foudre.
C’est pourtant sur une autre moto qu’un acteur-culte donna naissance, en 1953, à la rock-n-roll attitude. Perfecto, casquette de cuir et moue désabusée, Marlon Brando posait en chef de bande de bikers sur un Triumph Thunderbird dans le film L’équipée sauvage. Mais c’est sur une Harley Knuckerhead transformée en bobber que Chino, le méchant du film, sème la terreur.
Ces images de motos liées à la violence marqueront toute une génération, pour laquelle la Harley deviendra un symbole sulfureux de contre-culture, au même titre que cette « musique de sauvages » qu’est le rock’n roll. Elle fut récupérée quelques années plus tard par le très jeune Elvis Presley, qui prit la même pose que son idole, mais sur sa Harley-Davidson KH 1956, alors qu’il venait d’enregistrer Heartbreak Hotel. Popularisé par des aviateurs vétérans de la guerre reconvertis en motards, le cuir du biker (qui existe encore), devenait grâce au King l’accessoire emblématique des fans de rock-n-roll.
Cette musique de rebelles adoptait le look des bikers qui terrorisaient les bourgeois, et la Harley devint leur monture fétiche. Comme le battement du train sur les rails fut à l’origine du style boogie-woogie dans le blues, le « potatoe » est à la base d’un sous-genre du rock : le Harley-Davidson Sound. C’est si vrai que le son même du moteur Harley sert d’introduction à une pléthore de morceaux. Son tempo est repris par une section rythmique bien binaire et musclée. Serge Gainsbourg qui a toujours été à l’affût de sons nouveaux, a lui-même été inspiré par le potatoe sound pour composer sa célèbre chanson interprétée par l’égérie de la Femme libérée des années 60, Brigitte Bardot. Il l’a placé au début et à la fin de sa chanson, comme un écrin pour cet hymne à la mythique monture mécanique de l’Amazone moderne.
Ainsi B.B. chantait en 1968 l’effet que produisaient dans son corps de rêve les trépidations de son « terrible engin », une belle Harley noire customisée au très long double pot d’échappement dressé à la verticale – tout un symbole – vers le ciel. Erotique en diable ! Retour aux States, un an après. C’est en 1969, dans sa version chopper, que la Harley entre dans la légende du rock. C’est elle, plus que les deux héros hippies bikers, qui est le personnage central du film Easy Rider, road movie pacifiste au parfum sulfureux et anti-establishment. Elle est la Muse qui inspire les deux chefs d’œuvre que sont Pusher, et bien sûr l’icônique Born to be wild des Steppenwolf, devenue l’hymne des bikers du monde entier.
La bande-son de ce film-culte réunit le gratin du rock de l’époque : Steppenwolf, les Byrds, Jimi Hendrix, The Grateful Dead, et Roger Mc Guinn qui composa la poignante Ballad of Easy Rider qui clôt le film. ( extrait ) Elle fut à l’origine d’un véritable engouement des groupes de rock pour cet engin qui symbolisait l’individualisme stylé, le désir d’évasion, le voyage. Dans un genre plus psychédélique, le somptueux « Riders On The Storm » des Doors, avec le son d’un orage qui débute et traverse le morceau, et une ligne de basse hypnotique pour porter la voix ténébreuse de Jim Morrison, devient l’un des morceaux préférés des bikers. Car il donne une dimension quasi métaphysique à ces cavaliers de la route qui traversent la tempête.
Dans le sillage de ces illustres pionniers, plusieurs groupes de heavy metal rendent hommage à la Harley Davidson en la faisant intervenir comme un instrument de musique dans leurs compositions. Le groupe ZZTop a même signé un contrat avec Harley D pour promouvoir le Harley-Davidson sound, sous l’appellation Two american legends. L’une des grandes sources d’inspiration d’un groupe tel qu’AC/DC est la ligne de basse que produit un pot d’échappement Harley.si si tendez bien l’oreille, sur cet extrait de basse isolée.
C’est ainsi qu’Highway To Hell est tout naturellement devenu l’une des chansons du Top 5 des fans de Harley. La créativité dont font montre les grosses cylindrées du heavy metal ou du death metal qui se revendiquent du Harley Bikers Spirit ne se dément pas. Tout récemment, une autre bande-son, celle d’une série inspirée par les bandes de motards, a marqué les esprits. Avec ses riffs lents répétitifs sur basses saturées, et la voix rocailleuse de Lemmy Kilmister, le Broterhood Of Man de Motörhead incarne à merveille l’état d’esprit Outlaw et Bad Skull des durs de durs de la route. Car sur le plan social, le gros son du hard rock et du heavy metal rock a imposé le mode de vie Harley comme un phénomène culturel. Mais l’ambassadeur principal de la marque chez nous reste bel et bien Johnny Hallyday. Le chanteur fut photographié, filmé des centaines de fois au guidon des motos américaines, que ce soit pour ses arrivées triomphales en salle de concert, sur les petites routes de Provence ou encore le long d’interminables bandes de goudron lors de ses roadtrips américains. Lors de son enterrement, plus de 700 bikers s’étaient donnés rendez-vous pour descendre les Champs-Élysées, fidèles à la légende de l’idole et ses chères bécanes.
Même si Le biker des temps modernes affranchi de l’image du marginal violent nourri à la bière et au rock graisseux, il est désormais davantage tourné vers un retour à l’authenticité. En tout cas, ce qui est certain, c’est que la musique, LE ROCK N ROLL est inscrit dans l’ADN de la Harley-Davidson C’est l’inspiratrice et la créatrice, avec son moteur musical, d’un rock qui peut être lourd ou bien sophistiqué.