The XX : XX (2009)
2009, drôle d’année pour la musique… Elle connait le décès de Mickaël Jackson, d’Alain Bashung et pour les plus « Ok Podium ! » d’entre nous de Filip Nikolic des 2be3. C’est aussi le départ de Noël Gallagher du groupe Oasis et de fait sa dissolution. Cette année 2009 est aussi emplie de surprises musicales : de Lady Gaga (Bad Romance) à Muse (The Resistance) De nouvelles formations voient le jour telles Major Lazer ou Them Crooked Vultures. Mais on voit certaines pépites émerger et c’est le cas de cet album de The XX : XX.
The XX est un groupe de rock anglais composé de quatre membres à ses débuts : Romy Madley Croft, Jamie Smith, Oliver Sim et Baria Qureshi qui quittera le groupe par la suite en 2009. Formé en 2005 après leur rencontre sur les bancs de l’Elliott School (qui a vu naitre entre autres formations Hot Chip, Burial ou Four Tet), le groupe explose avec la sortie de leur premier album XX. Ce dernier est autoproduit et remixé par le génialissime Jamie Smith (Aka Jamie XX).
Bien que sa réception critique fût enjouée, le public se laisse entrainer mais reste méfiant face à un nouveau coup de hype, de buzz. Ainsi l’année précédente le good buzz revint à MGMT pour Oracular Spectacular et 10 ans après cet album culte reste dans les mémoires tant par ses sonorités que les performances lives qui ont été réalisées. Le temps n’a alors pas eu son effet sur cette production. Mais qu’en est-il de XX à sa sortie ? Face à une industrie musicale en pleine recherche de nouveaux supports de vente, de critiques qui passent petit à petit à l’ère du numérique, le buzz grandit via les forums. Et de forums en bouche à oreilles et de vidéos youtube en premières émissions (on conseille la fameuse Black Session dans l’émission de Bernard Lenoir sur France Inter) le groupe se retrouve sur le plateau de Michel Denisot en janvier 2010.
C’est à cette époque que j’entends cet album pour la première fois, conseillé par une playlist British Airways, c’est dire si les critiques ont permis à cet album de se retrouver à cet endroit aussi vite. Coincé dans un long tunnel temporel on se laisse envouter par cette pop à la limite du minimalisme. Si le minimalisme est « la recherche des solutions requérant le minimum de moyens, de bouleversements et d’efforts, et susceptibles de rencontrer une large adhésion », on peut donc dire que cet album est minimaliste tant il est embrassé par les foules.
Mais que trouve-t-on sur cet opus ? Seulement dix titres. Mais c’est en dix titres que la magie s’opère. Peut-être même moins. Dès le premier morceau Intro, donne le ton. Billboard offre même une liste de 5 raisons pour lesquelles il s’agit du meilleur morceau de tous les temps en citant même Rihanna qui l’a samplé sur Drunk on Love. Et que dire des suivants : Crystalized qui fut porté en single, d’Infinity qui fait penser à Radiohead, ou de la montée progressive de Night Time qui vient casser en fin d’album cette rêverie en ballades… Pitchfork le confirme, les chansons s’enchaînent sans consumérisme si bien qu’il est difficile de trouver le hit qui s’impose au-dessus des autres.
En plein renouveau du rock tonitruant depuis le début des années 2000, les deux voix de Romy et Oliver se renvoient à mesure des morceaux un dialogue presque romantique, usant d’une mélancolie mélodieuse issue de la déprime post crise de 2008. Le génie de Jamie Smith vient ajouter les sonorités rythmiques et mélodiques par-dessus le jeu basse guitare des deux chanteurs.
Ainsi la question se pose en ce début d’automne pluvieux : faut-il ressortir ce vieil album ? OUI, OUI, OUI et encore OUI. Ce rock aigrelet fait de chansons frêles mais pas fluettes s’impose à l’oreille de son auditeur tant la musique dégagée par l’album présente une cohérence impressionnante. Alors l’adage « qui peut le plus peut le moins » s’applique dans la perfection recherchée de la bonne sonorité au moment adéquat. The XX réalisent alors un coup de maître du haut de leur vingtaine pour leur premier album démontrant une maturité exceptionnelle. Dix ans plus tard on constate que l’album est devenu culte faisant taire les voix qui n’y voyaient qu’une hype passagère.